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Ready Player One, un hymne à la culture populaire

À la fois film de science-fiction, hommage au cinéma et monde vidéoludique, le film de Spielberg s’est imposé comme un solide blockbuster. Le jeu vidéo et plus largement, le monde artificiel est un sujet qui a déjà été traité au cinéma. Existenz de Cronenberg parlait déjà d’une console qui permet de se connecter à un monde étrangeMais si dans le film du Canadien, la connexion se fait de manière physiologique, Ready Player One s’attache à retranscrire le plus fidèlement la réalité virtuelle telle qu’elle existe.

Pourquoi Spielberg a choisi le thème de la réalité virtuelle pour rendre hommage à la culture populaire ? Peut-on vraiment parler d’un film hommage ? C’est ce que nous allons voir.

La réalité virtuelle, un bouclier contre les incohérences

Dès le départ du film, nous sommes confrontés à l’ambivalence caractéristique du cinéma de Spielberg. Un peu SF de par la date à laquelle se passe l’intrigue, 2045, mais une photographie très « terre-à-terre » chère au réalisateur. Comme dans le film La Guerre des Mondes, il mélange savamment un quotidien très réaliste avec des éléments de science-fiction, les faisant d’autant plus ressortir dans ce décor qui nous rappelle le nôtre.

L’Oasis, le monde virtuel dans lequel se réfugient les héros du film, est à l’opposé de cela. Ici, les styles sont tranchés et pourtant se superposent. Beaucoup de couleurs et un sacré mélange des genres. Mais le réalisateur parvient à nous faire adhérer à ce bazar. Comment ?

Le futur dépeint dans le film de Spielberg garde une certaine proximité avec notre quotidien pour nous faire comprendre instinctivement les choses. Si L’Oasis est un jeu qui n’est pas près d’exister, le principe même du gameplay avec un casque pour écran et des gants pour manettes existe déjà. Le concept est ici poussé à son paroxysme pour en faire un véritable film hybride qui rend hommage à une multitude de genres cinématographiques comme vidéoludiques.

Comme dans le film, un casque suffit pour se plonger dans un monde imaginaire
Photo par jayross2021, CC0

Et c’est ce monde qui lui permet toutes les folies. Les Pokemon y côtoient des héros de jeu vidéo et de films. De par la possibilité bien réelle du joueur de changer d’avatar pour se transformer en ce qu’il souhaite selon les jeux, l’idée est non seulement fidèle, mais permet dès lors une liberté absolue. Une liberté que Spielberg prend au vol pour nous livrer une des scènes les plus mémorables et ambitieuses de ces dernières années.

Mise en abîme à l’hôtel

Un des moments qui a le plus marqué les spectateurs est bien entendu le passage dans l’Hôtel de The Shining de Kubrick. Jouant avec les codes grâce à la pirouette scénaristique possible grâce au monde virtuel, Spielberg se fait plaisir. Le passage est d’autant plus marquant qu’il est à contre-courant de toutes les scènes précédentes, plutôt action-aventure. Ici, on replonge dans le monde angoissant de Kubrick. Symétrie et plans coupés au cordeau sont alors déployés pour verser dans une horreur angoissante, mais qui ne perd jamais de vue l’essence du film.

Si la scène pouvait s’avérer incroyablement dangereuse pour le réalisateur, il a fait taire toutes les critiques. Reproduire le style d’un des plus grands génies du cinéma quand il est si particulier relève de l’épreuve de force. Pourtant, grâce à la technologie et une connaissance parfaite de l’œuvre de son ami, Spielberg parvient à rendre hommage à un style qui a marqué le jeu vidéo (Resident Evil par exemple) tout en évitant la parodie grotesque. Le tout, sans jamais perdre le spectateur.

La culture populaire, un bouillon hétéroclite

Le principe que cherche à exposer Spielberg dans son film est assez simple : la culture populaire n’est pas une chose immuable. Elle bouge sans cesse, absorbe les styles et les genres pourvu que l’objet artistique soit bon. Pas de frontière et pas de barrière, tout peut être inclus, tout peut en sortir, et personne ne maîtrise vraiment cela. Plus encore, elle s’enrichit de cette diversité. Les grands films ont inspiré des jeux vidéo comme les jeux vidéo inspirent aujourd’hui les réalisateurs.

L’Oasis dans ce cadre représente bien la culture populaire en soi. Un mélange hétéroclite de mondes et de personnages qui n’ont pas grand-chose à voir entre eux, mais qui s’enrichissent pourtant les uns les autres. Si elle est souvent méprisée, elle reste une culture riche en enseignements de par son accessibilité.

Gundam, monument de la culture populaire, est bien présent dans le film de Spielberg
Photo par Sameueles, CC0

Les amateurs de jeux vidéo pourront reconnaître des dizaines d’acteurs connus du monde vidéoludique. Mais les passionnées de cinéma auront aussi leur lot de références à déceler. Spielberg rend hommage à ce qu’il aime. Pourtant, lui aussi est un acteur majeur de la culture populaire depuis le début des années 1980. Que ce soient les dents de la mer, Indiana Jones, E.T ou Jurassic Park, il participe grandement à cette ébullition culturelle. L’ambivalence est aussi là.

Celui qui a inspiré bon nombre de réalisateurs aujourd’hui s’est lui-même inspiré de ses pairs. Celui qui fait la culture populaire puise toute son inspiration dans la culture populaire. Il l’affirme dans ce long-métrage avec force. Plus qu’un hommage, c’est donc le principe même de la culture populaire qui est l’essence du film. Prendre partout pour créer, puis laisser les autres prendre cette création pour en faire autre chose encore. Un jeu de relai qui nous a donné bon nombre de chefs-d’œuvre.

Si Ready Player One n’en est pas un, il reste une formidable déclaration d’amour à cette culture qui ne se met pas de barrière.

Ethan

Grand amateur de cinéma depuis mon enfance, j'aime la belle mise en scène, les belles réalisations et surtout les bons acteurs. A travers mes petits articles je vous donne mes avis, mes opinions sur les dernières sorties ciné, vous prenez ce que vous souhaitez :)

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