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Le procès de Pétain : héros ou traître ?

En 1945, la France a jugé l’un de ses plus célèbres et controversés personnages historiques : le maréchal Philippe Pétain. Accusé de haute trahison pour avoir collaboré avec l’Allemagne nazie pendant l’occupation, Pétain a été condamné à mort, puis gracié par le général de Gaulle. Mais qui était vraiment cet homme qui a incarné à la fois la gloire et la honte de la France ? Était-il un sauveur des Juifs ou un antisémite ? Un pacifiste ou un lâche ? Un patriote ou un vendu ? Dans cet article, nous allons revenir sur les faits marquants de sa vie et de son procès, en nous appuyant sur le livre de l’historien britannique Julian Jackson, France on Trial : The Case of Marshal Pétain.

De Verdun à Vichy

Pétain est né en 1856 dans une famille paysanne du nord de la France. Il s’engage dans l’armée en 1876 et gravit les échelons jusqu’à devenir général en 1914. Pendant la Première Guerre mondiale, il se distingue par sa capacité à organiser la défense et à préserver la vie de ses soldats. Il devient le héros de Verdun en 1916, où il résiste à l’offensive allemande pendant des mois. Après la guerre, il est nommé maréchal de France et reçoit les honneurs de la nation.

Voici une vidéo relatant cette histoire :

En 1939, alors qu’il a 83 ans, il est rappelé au service actif comme vice-président du Conseil supérieur de la guerre. Il assiste impuissant à la débâcle de mai-juin 1940, qui voit l’armée française subir une défaite écrasante face aux nazis. Le 16 juin, il devient chef du gouvernement et demande l’armistice. Le 22 juin, il signe avec l’Allemagne un accord qui divise la France en deux zones : une zone occupée au nord et une zone libre au sud, dont la capitale est Vichy. Pétain s’installe à Vichy et se proclame chef de l’État français. Il annonce sa volonté d’entrer dans la voie de la collaboration avec Hitler, qu’il rencontre le 24 octobre 1940 à Montoire.

La politique de collaboration

La collaboration entre Vichy et Berlin se traduit par une série de mesures qui visent à aligner la France sur l’idéologie nazie et à participer à l’effort de guerre allemand. Pétain instaure un régime autoritaire qui abolit la République et ses principes démocratiques. Il promeut une « Révolution nationale » fondée sur les valeurs de la famille, du travail, de la patrie et de l’ordre. Il réprime les opposants politiques, les syndicats, les francs-maçons et les communistes. Il collabore avec la Gestapo pour arrêter et livrer aux Allemands les résistants et les agents alliés.

Mais c’est surtout sur la question juive que la collaboration atteint son paroxysme. Dès octobre 1940, Vichy promulgue le premier statut des Juifs, qui exclut les citoyens juifs de nombreuses professions et fonctions publiques. En juin 1941, le second statut des Juifs renforce les discriminations et impose le port de l’étoile jaune. En juillet 1942, la police française participe à la rafle du Vel d’Hiv, qui conduit à l’internement et à la déportation de plus de 13 000 Juifs vers les camps d’extermination nazis.

Le procès du maréchal

À partir de 1942, le régime de Vichy perd progressivement le contrôle du territoire français face à l’avancée des Alliés et des forces de la Résistance intérieure. En août 1944, Paris est libéré par les troupes françaises et américaines. Pétain et son gouvernement sont emmenés de force par les Allemands en Allemagne, où ils restent jusqu’en avril 1945. Pétain se rend alors aux autorités suisses, qui le livrent aux Français.

Le procès de Pétain s’ouvre le 23 juillet 1945 à Paris, devant la Haute Cour de justice. Il est accusé de haute trahison et d’intelligence avec l’ennemi. Il plaide non coupable et se présente comme le sauveur de la France, qui a cherché à atténuer les souffrances du peuple français sous l’occupation. Il affirme avoir protégé les Juifs français en sacrifiant les Juifs étrangers. Il invoque son âge avancé (il a 89 ans) et son passé glorieux pour réclamer la clémence.

Le procès dure trois semaines et suscite un vif intérêt médiatique et populaire. Les témoins se succèdent à la barre pour dénoncer ou défendre le maréchal. Parmi eux, on trouve des personnalités politiques comme Léon Blum, Paul Reynaud ou Pierre Laval, des écrivains comme Louis-Ferdinand Céline ou Robert Brasillach, des militaires comme Charles de Gaulle ou Henri Giraud, des résistants comme Jean Moulin ou Pierre Brossolette. Le verdict tombe le 15 août : Pétain est reconnu coupable à l’unanimité et condamné à mort.

Anna T.

Le cinéma est pour moi l'art le plus subtile parmi tous. J'ai tenté une carrière plus jeune et j'ai foulé les planches mais sans succès. Mais mon amour pour la scène, la réalisation n'ont pas diminué. J'essaie de vous transmettre un peu de ma passion par l'intermédiaire de mes billets.

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