Actualités CinéFilms

The Zone of Interest : un film choc sur la banalité du mal

Le film The Zone of Interest de Jonathan Glazer, adapté du roman éponyme de Martin Amis, a fait sensation au dernier Festival de Cannes, où il a remporté le Grand Prix du jury. Ce film nous plonge dans le quotidien de la famille du commandant d’Auschwitz, Rudolf Höss, qui vit dans une villa avec jardin à côté du camp d’extermination. Sans jamais montrer les horreurs qui se déroulent derrière les barbelés, le réalisateur nous confronte à la coexistence de deux mondes : celui de l’illusion et du confort d’une famille normale, et celui de la barbarie et de la destruction nazies.

Un pari radical et glaçant

Le film s’ouvre sur un écran noir qui dure plusieurs minutes, accompagné d’une musique angoissante et dissonante. Ce choix esthétique nous plonge d’emblée dans une atmosphère oppressante et nous prépare à ce qui va suivre. Le film ne nous épargne rien des bruits, des odeurs, des fumées qui envahissent la villa du commandant Höss, interprété par Christian Friedel. Celui-ci apparaît comme un homme froid, rigide, obéissant aux ordres sans états d’âme. Sa femme Hedwig, jouée par Sandra Hüller, profite des privilèges liés à son statut, mais se sent seule et délaissée. Leurs enfants jouent dans la piscine ou font du vélo, inconscients du drame qui se joue à quelques mètres de chez eux.

Voici une vidéo montrant la bande-annonce de ce film :

Le film ne cherche pas à expliquer ou à juger les personnages, mais à les montrer tels qu’ils sont, dans leur banalité et leur indifférence. Il n’y a pas de scènes spectaculaires ou dramatiques, mais une succession de plans fixes, sobres et précis, qui créent un contraste saisissant entre la beauté des paysages et l’horreur des camps. Le film s’inspire de faits réels et s’appuie sur des documents historiques, comme la conférence d’Orianienbourg où Höss et d’autres chefs nazis organisent l’extermination des Juifs hongrois en 1944.

Un film nécessaire et bouleversant

The Zone of Interest est un film qui ne laisse pas indifférent. Il nous interroge sur notre capacité à fermer les yeux sur le mal qui nous entoure, sur notre responsabilité face à l’Histoire, sur notre humanité face à l’inhumanité. Il nous rappelle que le mal n’est pas toujours spectaculaire ou monstrueux, mais qu’il peut être banal et ordinaire. Il nous invite à ne pas oublier les victimes de la Shoah, dont les voix étouffées résonnent encore dans nos mémoires.

Ce film est une œuvre magistrale, portée par une mise en scène rigoureuse, une interprétation remarquable et une musique envoûtante. Il méritait largement la Palme d’Or à Cannes, et il mérite d’être vu par tous ceux qui se soucient de l’avenir de l’humanité.

Anna T.

Le cinéma est pour moi l'art le plus subtile parmi tous. J'ai tenté une carrière plus jeune et j'ai foulé les planches mais sans succès. Mais mon amour pour la scène, la réalisation n'ont pas diminué. J'essaie de vous transmettre un peu de ma passion par l'intermédiaire de mes billets.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *